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Pendant la sécheresse, la pluie ne sert (presque) à rien

August 10, 2022
3-5 min

La période entre mai et août est normalement propice au développement d'un type de nuage appelé "cumulonimbus", caractéristique des phénomènes orageux. Les cumulonimbus, ou Cb, se forment avec la différence entre les températures du sol qui sont plus chaudes et celles plus froides en altitude. Les orages ont habituellement lieu à la fin d'une chaude journée d'été, quand les cumulonimbus ont atteint leur développement maximal. Tout simplement parce que l’été, le soleil brille plus longtemps et est plus fort, donc il réchauffe l'air.

Avec la canicule et les vagues de chaleur que l’on a eu en France, beaucoup d’air chaud a été emmagasiné. Et plus l'air est chaud, plus il monte vite et haut, rencontrant des zones de plus en plus froides. Il y a donc plus de cumulus ou cumulonimbus qui se forment, et ainsi plus d’orages, et plus de pluie. Et c’est bien ce qu’il s’est passé en juin.

D’ailleurs, le mois de juin 2022 a obtenu le titre du ”mois le plus foudroyé” ⚡️ avec 29 jours d’orage et un record absolu de 206 257 éclairs nuage-sol détectés par Météorage. Avec ces orages, vient la pluie : le cumul mensuel de précipitations a été excédentaire d'environ +30% en juin, alors qu’on observe un fort déficit pluviométrique en France depuis l'automne 2021.

graphe représentant les anomalies concernant les précipitations sur le territoire français sur la période octobre 2021 à juillet 2022

Pourtant, on constate de nombreux départements qui ont été placés en état de "crise" sécheresse, et pas moins de 72 d’entre eux ont subi des restrictions d'eau. Mais comment ce fait-il que les pluies abondantes dues aux orages en juin ne sont pas efficaces et que l’on continue de manquer d'eau ?

Tout d’abord, cela est dû à une mauvaise absorption de la pluie. Avec les vagues de chaleurs et les fortes températures, l’état des terres est extrêmement sec. Elle est plus dure et devient quasiment imperméable. Lorsqu’il se met à pleuvoir, la pluie ruisselle en glissant sur le sol, au lieu de s’imprégner dans les terres. Cela accentue notamment le risque de crues éclairs, c’est-à-dire une montée rapide des eaux, potentiellement dangereuses pour les habitants à proximité.

Aussi, l’évaporation de l’eau est plus rapide. Dans le cas où les terres arrivent tout de même à s'humidifier grâce aux pluies, il ne faut pas oublier que les températures actuelles sont très hautes. La chaleur est telle que l'eau s’évapore plus rapidement que le temps qu’il ne lui faudrait pour pouvoir s'infiltrer dans les nappes phréatiques.

un homme sur un terrain de terre très sec, représentant la sécheresse des sols, l'évaporation de l'eau dû aux températures très hautes.

C’est donc une combinaison de tous ces facteurs qui, en se produisant au même moment, ne permettent pas une pleine ré-humidification des sols. Les pluies ont alors un impact assez limité sur la sécheresse à laquelle nous faisons face. De plus, même si plusieurs départements sont concernés par les orages, il s'agit de phénomènes qui restent ponctuels et localisés ; il ne pleut pas suffisamment longtemps, et sur une zone géographique trop restreinte.

La solution pour endiguer ce phénomène serait d’avoir, d’une part, des températures moins excessives, et d’autre part un temps pluvieux plus durable. Plutôt que d’enchaîner une longue période en déficit pluviométrique et des températures très élevées, puis un mois soudainement excédentaire en pluie -comme ce qu’il se passe cette année- il faudrait plutôt que les précipitations soient plus régulières dans le temps, et les températures moins extrêmes. Malheureusement, le changement climatique ne nous amène pas vers cette tendance…