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Qu’est-ce qu’une inondation ?

HD Sciences n°18
December 22, 2023
3-5 min

HD Sciences n°18 - Qu’est-ce qu’une inondation ?

Une inondation est la submersion temporaire d'une zone habituellement non submergée par une quantité excessive d'eau, qu'elle provienne de précipitations intenses, de crues de cours d'eau, de remontées de nappes phréatiques ou de submersions marines. Ces événements peuvent causer des dommages considérables aux biens et aux infrastructures, ainsi que mettre en danger la vie humaine et la biodiversité. Les inondations peuvent être rapides ou progressives, et leurs conséquences varient en fonction de divers facteurs tels que l'intensité des pluies, la topographie, et l'aménagement humain des zones concernées.

Les inondations, fléau naturel, se manifestent de diverses manières, chacune engendrant des conséquences singulières sur l'environnement et les populations. Elles sont caractérisées de différentes manières, et c’est ce que nous allons voir maintenant.

Inondations Fluviales

Inondation fluviale © meurthe-et-moselle.gouv

Les inondations fluviales surviennent suite à l'engorgement de cours d'eau, déclenchées par des précipitations abondantes sur le bassin versant du cours d’eau et/ou une fonte rapide des neiges. La vitesse de crue et de décrue du fleuve est généralement de l’ordre de plusieurs jours, selon la taille et les caractéristiques du bassin versant concerné. Ces inondations engendrent diverses conséquences dramatiques, dont la destruction des habitats riverains, des terres agricoles submergées et des infrastructures endommagées telles que les routes et les ponts. Par exemple en 1910, la crue exceptionnelle de la Seine à Paris a été dévastatrice, affectant la ville et ses habitants de manière considérable. Les eaux de la Seine ont atteint des niveaux records, submergeant la capitale française et provoquant d'énormes dégâts. Plus de 20 000 immeubles ont été touchés, des milliers de personnes ont été évacuées, et les transports ont été paralysés. Les dégâts matériels se sont chiffrés à des montants équivalents, en termes actuels, à plusieurs milliards d'euros. Ces catastrophes ont également un impact significatif sur les écosystèmes, perturbant les habitats naturels et altérant la qualité de l'eau. En résumé, les inondations fluviales, bien que naturelles, nécessitent une gestion et une préparation efficaces pour minimiser leurs impacts destructeurs.

Crue de la Seine de 1910 © Paris zigzag

Inondations par Remontée de Nappe

Inondation par remontée de nappe © meurthe-et-moselle.gouv

Les inondations par remontée de nappe se produisent lorsque le niveau piézométrique (hauteur d’eau dans le sol) des nappes phréatiques augmente, provoquant des débordements d'eau à la surface. Ce phénomène résulte principalement d'une saturation du sol en eau, souvent induite par des précipitations abondantes sur une longue période, qui engendre une recharge de la nappe plus importante que sa vidange. La vitesse de montée et descente de la nappe est généralement très longue, et peut engendrer des inondations jusqu’à plusieurs mois. Les conséquences de ces inondations peuvent causer des dommages aux habitations, aux infrastructures, à l'agriculture et à l'environnement. Les infiltrations d'eau dans les bâtiments endommagent les fondations et les structures, tandis que les terres agricoles peuvent devenir impropres à la culture en raison de l'excès d'eau. De plus, ces inondations peuvent altérer la qualité de l'eau potable en la rendant impropre à la consommation en raison de la contamination des eaux souterraines. Par exemple c’est ce qui s’est passé lors de la crue de la Somme en 2001, qui a été causée par le débordement de la nappe, principalement suite à des pluies abondantes sur des sols déjà saturés. Plus de 2500 maisons ont été touchées et sinistrées, des routes ont été coupées, des infrastructures endommagées, des terres agricoles sous l’eau, affectant la vie quotidienne des habitants pendant près de 2 mois.

Inondation de la Somme de 2001 © Ameva

Inondations Pluviales

Il existe deux types d’inondations pluviales : urbaines ou torrentielles. Ces deux types d’inondations sont dues à des pluies intenses in situ ou à proximité en amont. Elles sont généralement caractérisées par une vitesse de montée et descente du niveau d’eau très rapide, de l’ordre de l’heure voire même de la minute.

Les inondations pluviales urbaines surviennent lorsque des averses intenses et rapides dépassent la capacité d'absorption du sol urbain et des infrastructures de drainage. L'imperméabilisation des surfaces urbaines, due aux routes, bâtiments et surfaces pavées, limite l'infiltration naturelle de l'eau dans le sol, accentuant le ruissellement. Par exemple en 2018, Abidjan a été frappée par des pluies torrentielles dévastatrices. Ces précipitations exceptionnelles ont déclenché des inondations majeures dans plusieurs quartiers, provoquant des scènes chaotiques. Les eaux pluviales, en raison de l'incapacité des réseaux de drainage à absorber le débit, ont submergé les rues, inondant les habitations et bloquant les voies de circulation. Ces inondations ont entraîné des pertes humaines tragiques, avec plus d'une quinzaine de décès signalés et des dommages matériels considérables.

Inondation juin 2018 à Abidjan © RFI

Les crues torrentielles, quant à elles, sont générées par des pluies abondantes et soudaines, sur des sols de montagne qui absorbent peu les pluies et très pentus, ce qui augmente la vitesse de transfert de l’eau ruisselant. De plus, ces événements exacerbent les risques de glissements de terrain et d'érosion, menaçant la sécurité des communautés riveraines. Par exemple en octobre 2020, les Alpes-Maritimes ont été sévèrement touchés par des crues torrentielles causées par la tempête Alex, dévastant notamment la vallée de la Roya. Des pluies diluviennes ont engendré des torrents dévastateurs. Ces crues ont entraîné des dégâts considérables aux infrastructures, endommageant routes, ponts et habitations riveraines. Les villages isolés ont été coupés du monde extérieur, rendant l'accès difficile pour les secours. L'impact humain et économique a été significatif et cette vallée a été meurtrie par cette catastrophe naturelle.

Inondation octobre 2020 dans la vallée de la Roya © Cerema

Inondations par Submersion Marine

Submersion marine © Eaufrance

Les inondations côtières et les submersions marines surviennent principalement à la suite de phénomènes météorologiques intenses. Ces événements peuvent être accentués par de forts coefficients de marée et par l'élévation du niveau de la mer causé par le réchauffement climatique. Ces inondations peuvent submerger les zones habitées, endommager les infrastructures, impacter l'économie locale et perturber la biodiversité marine. À titre d'exemple, le cyclone Katrina en 2005 a entraîné une submersion dramatique à La Nouvelle-Orléans, causant des dégâts généralisés aux infrastructures, aux habitations et à l'environnement. Ces événements menacent la sécurité alimentaire, la santé publique et la vie des populations côtières, exigeant des adaptations pour protéger les écosystèmes et les habitants vulnérables. De plus, lors de ces submersions, l'eau de mer envahit les terres agricoles, causant la salinisation des sols, nuisible aux cultures et à la productivité agricole.

Ouragan Katrina en 2005 © The Guardian

L'augmentation du risque d'inondations est largement influencée par le réchauffement climatique et l’activité humaine, engendrant plusieurs facteurs aggravants. La montée du niveau de la mer, résultant de la fonte des glaciers et de l'expansion thermique de l'eau, est une conséquence directe de ce phénomène. De plus, le réchauffement climatique intensifie le cycle hydrologique en favorisant l'évaporation, augmentant ainsi la quantité d'eau dans l'atmosphère. Cette augmentation accroît le risque de précipitations intenses, entraînant des pluies torrentielles et des tempêtes plus fréquentes. Les pratiques humaines, telles que la déforestation et l'aménagement inadapté du territoire, contribuent également à l'accentuation de ce risque, altérant les régulations naturelles du cycle de l'eau, et augmentant le ruissellement l’artificialisation des surfaces. En conséquence, le réchauffement climatique et l’activité humaine aggravent, non seulement la fréquence des inondations, mais également l'ampleur des dégâts causés par ces événements, menaçant la sécurité des populations et des infrastructures.

Dans un prochain HD Science nous verrons comment anticiper les inondations non marines à l’aide de la modélisation hydrologique.

Bibliographie